mardi 20 août 2013

Les cochons de BPR



Aujourd’hui, nous allons faire état ce qui est peut-être le plus important scandale à avoir jamais plané sur le Québec.

Toute cette histoire a débuté en 1997 quand le premier ministre Lucien Bouchard a déclaré que l’industrie porcine serait le fleuron de l’agriculture québécoise.

Maintenant, il est établi que la firme d’ingénieurs-conseils BPR conseille depuis cette époque l’industrie porcine et l’Union des producteurs agricoles (l’UPA). BPR emploie quinze cents personnes et fournit toute la gamme de services-conseils en ingénierie aux entreprises spécialisées industrielles et aux organismes publics et privés.

Ensuite, il a aussi été établi que c’est l’UPA qui dicte les réglements sur la protection des bandes riveraines des cours d’eau. Je n’invente rien, des documents publics existent qui appuient mes dires. Le 15 juin 2002, le ministre de l’Environnement du Québec d’alors, André Boisclair, a fait adopter à la vapeur, sous le baillon, un règlement qui a réduit de trente à trois mètres la bande de protection des cours d’eau en regard des fertilisant. Pour les cours d’eau servant à l’alimentation, la distance a été abaissée de soixante-quinze à quinze mètres.

Ce qui n’a encore jamais été dit nulle part dans les médias, c’est que ce même règlement a annulé toute protection pour les cours d’eau de deux mètres par deux mètres, soit les ruisseaux qui traversent les champs et qui alimentent les lacs et les rivières, et les sources d’eau. On peut épandre du lisier de cochon directement dans ces cours d’eau en toute légalité, et on ne s’en prive pas. C’est à la demande de l’UPA, conseillée par BPR, que cette disposition a été adoptée par le législateur. Résultats de toute cette réglementation : de larges nappes phréatiques ont été contaminées, des rivières polluées, des lacs détruits. Un cochon pollue deux fois et demi de plus qu’un être humain, on leur administre aussi des quantités phénoménales d’hormones de croissance et d’antibiotiques qui filent dans les cours d’eau; les neuf millions de porcs du Québec polluent donc comme une population d’environ vingt-deux millions d’habitants, et bien davantage encore.

Si cette industrie était rentable, l’acceptabilité de la chose serait peut-être plus facile. Mais elle ne l’est pas. Chaque cochon coûte cent-cinquante dollars à élever, soixante-quinze dollars doivent être versés en subventions pour y parvenir. Alors, quel peut bien être l’avantage pour le Québec d’une telle industrie? L’industrie réclame des centaines de millions de dollars en subventions pour subsister. Alors quoi?

Dans la municipalité de St-Irénée, dans Charlevoix, on a construit une usine d’eau potable au coût de trois millions six cents mille dollars. Les travaux ont été confiés à la firme BPR, sans appel d’offres, par la ministre Nathalie Normandeau. L’usine produit assez d’eau pour satisfaire cinq fois les besoins de cette municipalité où seulement trois-cent-cinquante personnes sont branchées sur le réseau d’aqueduc ! Elle a été construite après que la firme BPR ait effectué des sondages dans les environs pour trouver une source d’eau et que ses ingénieurs aient rapporté qu’il n’y en avait pas. Mais des résidents de l’endroit sont passés aux endroits où BPR était allé, et ils ont trouvé une source d’eau bien riche, propre et bien abondante. À St-Irénée, dans Charlevoix, on a donc construit une usine d’eau cinq fois trop grosse…et pour rien du tout; il y avait déjà tout ce qu’il fallait en eau.

St-Irénée n’est pas un cas unique au Québec. Un peu partout, des usines d’eau potable ont ainsi été construites à coûts élevés, avec l’approbation subventionnée par la ministre Normandeau, rapportant des milliards aux firmes d’ingénieur-conseil, le tout parce que les nappes phréatiques étaient contaminées par une industrie hyper-polluante, déficitaire, et subventionnée elle-aussi à coups de milliards. Alors quoi? Qu’est-ce qu’il y a derrière tout ça? Le président de BPR, Pierre Lavallée, qui a démissionné à la suite de sa comparution à la Commission Charbonneau où on n’a pas abordé toute cette question d’usine d’eau potable. Pourtant, parenthèse, la Commission Charbonneau a été mise au courant de toutes ces données. Monsieur Lavallée remplaçait Paul Lafleur, président au moment de la construction, sans appel d’offres, répétons-le, de l’usine de peau potable de St-Irénée. D’ailleurs, tous les projets de construction publics qui s’effectuent à St-Irénée le sont par BPR et toujours sans appel d’offres.

Paul Lafleur était jusqu’à récemment président du conseil d’administration du Domaine Forget, un vaste domaine champêtre où des étudiants viennent suivre des cours de musique. Le domaine est ouvert environ six mois par année. Il reçoit des subventions du gouvernement du Québec, d’Hydro-Québec, de riches mécènes comme monsieur Lafleur et la famille Desmarais de Power Corporation, laquelle a un aéroport à sa disposition, tout près, au sommet d’une colline de St-Irénée. De jour comme de nuit, des Learjet viennent s’y poser, débarquant passagers et marchandises en toute franchise car il n’y a là aucun douanier pour embêter personne.

Monsieur Lafleur est souvent appelé « le génie de l’eau » pour la science dont il a fait preuve à BPR. Prenons maintenant le temps de nous résumer un peu. Monsieur Lafleur a pris la direction de la firme en 1991. Il l’a notamment développée en appuyant, via les conseils fournis à l’UPA, le développement de l’industrie porcine, puis en conseillant cette même industrie qui a dicté la réglementation la concernant au gouvernement du Québec. C’est sous l’impulsion des conseils de BPR que la protection des bandes riveraines a été réduite par le gouvernement du Québec à presque rien et, dans le cas des ruisseaux et des petits cours d’eau, à néant, contaminant les nappes phréatiques, les plus gros cours d’eau, et entraînant la nécessaire construction, par BPR , d’usines d’épurations des eaux et d’usine d’eau potable. Et voilà : d’un côté, on s’est assuré de polluer, de l’autre on a fait des milliards en dépolluant et en usines d’eau potable, tout en étant largement subventionné par la ministre Normandeau. Et la boucle est bouclée.

Il est intéressant de noter, quand on regarde la liste des donateurs au Domaine Forget, qu’ils bénéficient généralement de généreux contrats publics d’Hydro-Québec, souvent sans appels d’offres, comme c’est le cas pour BPR.

Finalement, si on avait voulu détruire les ressources en eau du Québec pour faire faire des milliards aux firmes de génies-conseils en usines inutiles, on n’aurait pas agi autrement.

Dernière mise à jour : 24 juin 2014, 17h15
ST-IRÉNÉE,
RÉGION DE CHARLEVOIX

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Du même auteur : Le jupon de Pauline

Derniers développements 19/06/2014 : « En 2008, Nathalie Normandeau a refusé de rencontrer un des rares groupes de citoyens au Québec à s'opposer à la construction d'une usine de filtration de l'eau dans leur municipalité. » La suite : http://bit.ly/1uFcIke  

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